On sait que les nausées de la femme enceinte sont majoritairement liées à la surcharge hormonale qui intervient spécialement dans les premiers mois.

C’est notre foie qui est responsable d’éliminer nos hormones. Lorsqu’il est surchargé, peut-être depuis des années, il pourra moins bien effectuer son travail d’élimination et les hormones seront donc moins bien « traitées ». Elle pourront donc s’accumuler davantage, créant ces désagréments souvent décrits lors du premier trimestre en particulier.

En préconception, je recommande toujours de prendre soin de son « terrain ». Ainsi, quand la grossesse démarre, le corps est prêt et on évitera un grand nombre de complications et désagréments. Au programme aujourd’hui, comment prendre soin de son foie en amont de la grossesse (attention, certains conseils ne sont pas recommandés *pendant).

Avant de commencer, voici une liste non-exhaustive de signes de surcharge du foie :

• Absence de faim le matin
• Sentiment d’écœurement le matin
• Transpiration nocturne
• Sommeil agité
• Réveil(s) nocturne(s)
• Maux de tête ou migraines
• Peau terne, cernes
• Douleurs musculaires ou articulaires
• Fatigue récurrente
• Difficultés de concentration
• Sensibilité à l’alcool et à la caféine

Mais au fait, pourquoi notre foie est-il surchargé ?

A . Il est le plus important organe d’élimination des déchets de l’organisme. En fonction de notre environnement et hygiène de vie, il peut rapidement avoir une trop grande charge de travail. Voici quelques coupables :

• Alcool,
• Malbouffe (conservateurs, additifs alimentaires)
• Pesticides (surtout dans l’agriculture non-biologique),
• Métaux lourds (présents surtout dans les gros poissons comme le thon, l’espadon..),
• Médicaments, pilule, perturbateurs endocriniens,
• Pollution environnementale (gaz d’échappements, usines, fumées),
• Solvants organiques (présents dans les vernis, les peintures..).

Diminuer notre exposition à ces différents éléments est déjà une manière de soutenir notre foie. Et de protéger les générations à venir.

Le foie est aussi responsable d’éliminer nos déchets métaboliques et les toxines venant des intestins. L’état de notre digestion est donc à prendre en compte, car il va fortement influencer la surcharge hépatique. Quelques symptômes doivent vous mettre la puce à l’oreille :

• Ballonnements (gaz et gonflements récurrents)
• Crampes ou douleurs digestives
• Transit perturbé (diarrhées, constipation, ou les deux)
• Remontées acides
• Lenteur digestive
• Intolérances alimentaires
• Compulsions alimentaires
• Lourdeur digestive
• Symptômes extra-digestifs : douleurs articulaires, eczéma, mycoses cutanées ou vaginales, sensibilité au stress, mauvais sommeil, etc

Si vous vous reconnaissez dans ces symptômes, je vous invite à aller consulter un.e thérapeute spécialisé.e dans la prise en charge du microbiote intestinal (naturopathe, médecin fonctionnel, nutritionniste, micronutritionniste). Cela vaut vraiment la peine dans le cadre d’un projet bébé, le microbiote intestinal ayant une influence sur le succès de l’implantation, le développement du bébé à venir…

Nous ne sommes pas tous égaux. Certains ont hérité d’enzymes très efficaces pour la détoxication, d’autres moins.

Concrètement, comment faire ?

La première chose est de limiter son exposition aux sources environnementales qui surchargent le foie citées au point 2a /plus haut.

Nous allons détailler quelques cofacteurs de la détoxication hépatique (outils nécessaires pour que le foie effectue bien son travail)

A. Magnésium (OK pendant la grossesse)

Le magnésium est un cofacteur important de la détoxication hépatique. Environ 80% de la population est carencée. Le stress et le sport intense surconsomment le magnésium. Je recommande 300 mg de bysglycinate, glycérophosphate ou citrate de magnésium par jour au minimum.

Marque : Metagenics (sur internet) ou le Formag de Pileje (en pharmacie)

B. Fer (OK pendant la grossesse)

Il peut être intéressant de vérifier son statut en fer, et éventuellement le remonter car le fer a un rôle très important à jouer dans la détoxication hépatique. Si carence avérée (confirmée par un dosage de ferritine), je recommande la complémentation en bysglycinate de fer (pas en Maltofer / Tardyferon) ou … en boudin noir, foie, *viande saignante.

Marque : Metagenics

C. Sélénium (OK pendant la grossesse)

A également son rôle à jouer dans la détoxication hépatique. Quasiment tous mes patients sont carencés. Une source facile à ajouter au quotidien : 3 noix du Brésil par jour. Les conserver au frigo pour éviter l’oxydation.

D. Vitamines du groupe B (OK pendant la grossesse)

La B2, B6, B9 et B12 sont nécessaires à la détoxication. On peut facilement doser les taux B9 et la B12. Un régime végétarien sera plus susceptible d’être carencé. Je conseille donc une alimentation contenant des produits animaux, des légumes verts et des céréales complètes.

E. Phytothérapie (*seulement avant la grossesse)

Certaines plantes ont un effet stimulant de la détoxication hépatique. On peut les trouver sous forme de teinture mère, capsules ou tisanes. L’artichaut, le chardon-marie, la berberine, le pissenlit, le romarin, le radis noir, etc. Vous pouvez vous faire conseiller par un.e pharmacien.ne / phytothérapeute / naturopathe pour la posologie.

F. Complément alimentaire (*seulement avant la grossesse)

Dans ma pratique, j’ai tendance à conseiller un complément alimentaire contenant tous les cofacteurs de détoxication hépatique + un mélange de plantes ciblées pour le foie.

Marque : Nutridetox de Metagenics

Autres conseils pour diminuer les nausées (pendant la grossesse)

Hormis les conseils déjà connus (comme déjeuner avant de se lever, prendre du gingembre en tisane, jus ou gélules, fractionner les prises alimentaires, ne pas boire en mangeant, etc) il semblerait que l’équilibre de la glycémie puisse avoir un impact sur l’intensité des nausées.

Voilà ce que je recommande pour stabiliser sa glycémie au quotidien (si possible commencer déjà avant la grossesse) :

• Manger un petit-déjeuner protéiné et non sucré (au possible, car parfois difficile à tolérer si fortes nausées)
• Stopper : céréales, confiture, fruits secs, crackers, mueslis, miel, dattes, porridge, pain blanc, jus de fruits).
• Introduire : 1 fruit max, des œufs, pain complet, beurre, purée d’oléagineux, graines de lin ou chia, graines de sarrasin trempées ou germées, yaourt, fromage ou jambon, noix, etc
• Remplacer les céréales raffinées par des céréales complètes (pain, pâtes, riz)
• Limiter la consommation de sucreries, pâtisseries, cakes, gâteaux, croissants, etc. Cela doit rester une exception
• Limiter la consommation de desserts
• Attention à certains laits végétaux comme avoine ou riz, naturellement aussi sucrés qu’un soda… Privilégier amande ou soja.

Courage, le jeu en vaut la chandelle !