En effet, bien que notre société Helvétique soit considérée comme très développée, l’Homme n’en reste pas moins un mammifère. Notre lien de parenté avec les grands singes est peu perçu chez nous et pourtant les nouveau-nés sont naturellement programmés pour être portés.
Lors du premier examen de santé de bébé par le pédiatre ou la sage-femme, vous aurez pu observer l’examen des réflexes archaïques. Parmi ceux-ci, le fameux réflexe d’agrippement : le nouveau-né saisi fortement les doigts d’un adulte (ou les cheveux par exemple) qui sont mis dans ses paumes. De même, la position des « jambes relevées et repliées » est la preuve que les bébés humains sont faits pour pouvoir s’agripper au corps d’une personne même si nous ne sommes plus suffisamment velus pour cela. Par conséquent, le portage repose grandement sur nos bras mais heureusement il existe de nombreux moyens pour les soulagés. Selon Timothy Taylor, archéologue, il semblerait que le porte-bébé ait même été l’une des premières inventions de nos ancêtres. De nos jours, nous retrouvons aussi des porte-bébés dans toutes les sociétés et même les ethnies les plus isolées de notre globe. Il permet de transporter, de nourrir, de protéger et de rassurer son enfant. Même si notre mode de vie en Suisse se différencie grandement de celui de tribus indigènes vivant dans la forêt Amazonienne, les nouveau-nés n’en restent pas moins biologiquement programmés pour être portés.
Maintenant, passons à quelques notions d’anatomie. In utero, le bébé n’a pas beaucoup de place et se retrouve replié sur lui-même. Cette position s’appelle la cyphose totale. Sa colonne vertébrale a la forme d’un C. Après sa naissance, la maturation de la colonne vertébrale va se passer en 3 étapes :
Durant les 4 premiers mois de vie, l’enfant va commencer à tenir sa tête de mieux en mieux et commencer à la redresser. Il renforce donc en premiers les muscles entourant les cervicales. Jusqu’aux alentours des 8-9 mois, les vertèbres dorsales s’étirent et se le dos se musclent pour que l’enfant arrive à se redresser et à s’asseoir.
Finalement, le bas du dos se muscle lorsque l‘enfant développe le 4 pattes et commence à se lever. À ce moment, la colonne vertébrale ressemble à celle de l’adulte, du moins durant les périodes d’éveil car lorsque l’enfant s’endort en portage, naturellement il reprend une position enroulée, comme lors de la naissance.
Il est important de respecter le développement physiologique de l’enfant et donc de respecter l’enroulement du dos en portant. De plus, l’articulation de la hanche se consolide durant les premiers mois de vie et le portage physiologique (respect de l’écart naturel des hanches) renforce l’ossification de cette articulation.
Les points clés du portage physiologique sont : le dos enroulé, la base (des fesses jusqu’aux genoux) soutenue et les genoux légèrement plus haut que les hanches. Le dos de l’enfant doit être soutenu. Les voies respiratoires et le visage de l’enfant doivent toujours être dégagés. Il ne faut pas maintenir la tête de l’enfant avec le tissu ; il doit pouvoir la mouvoir librement. Un cours de portage avec un ou une professionnel.le certifité.e est vivement recommandé, même pour le portage en porte-bébé.
Pour plus d’informations:
L’homme descend du porte-bébé
The Artificial Ape. How technology changed the course of human evolution. Timothy Taylor, Palgrave Macmillan, 2010, 246 p., 20,70 €
Thomas Lepeltier
Mensuel N° 225 – Avril 2011
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