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Grossesse et cytomégalovirus (CMV)

Sensibiliser au CMV

Parler du cytomégalovirus (CMV) est important car il représente un risque potentiel pour les femmes enceintes et leurs bébés.

 

Comment contracte-t-on le CMV ?

Le cytomégalovirus (CMV) est un virus de la famille des herpès qui se transmet par contact direct avec les sécrétions ou liquides corporels d’une personne infectée : urine, sang, salive, larmes, sécrétions nasales et vaginales, sperme et lait maternel. La contamination la plus fréquente chez les femmes enceintes est due au contact avec la salive, les larmes ou les urines d’un enfant en bas âge infecté (qui peut excréter le virus pendant plusieurs mois). Ce contact peut se produire dans la sphère familiale ou professionnelle, notamment pour les femmes travaillant dans le domaine de la petite enfance. Les femmes enceintes peuvent également être contaminées par leur partenaire lui-même infecté par un enfant dans la sphère familiale ou professionnelle. Dans les pays développés, plus de la moitié des adultes ont contracté le CMV au cours de leur vie.

Que se passe-t-il dans le corps lors d’une infection par le CMV ?

Lorsqu’une personne est infectée par le CMV, le virus se multiplie dans son organisme et déclenche une réaction immunitaire pour combattre l’infection. Le CMV reste ensuite latent dans l’organisme et peut se réactiver plus tard dans la vie. Il est aussi possible d’être réinfecté par une autre souche de CMV, même si une immunité antérieure existe.

Quels sont les signes et symptômes courants d’une infection par le CMV ? Que devons-nous observer ?

 

Chez les adultes et enfants en bonne santé, plus de trois quarts des personnes infectées ne présentent aucun symptôme, bien qu’elles puissent tout de même être contagieuses. Lorsque des symptômes apparaissent, ils ressemblent à ceux d’un état grippal léger : fièvre, fatigue, maux de tête et douleurs musculaires. Chez les personnes immunodéprimées, des complications plus graves peuvent survenir, telles que l’hépatite, une infection pulmonaire, des atteintes digestives, oculaires, ou une encéphalite.

Le CMV est-il courant chez les nouveau-nés ?

Entre 0,5 % et 1 % des nouveau-nés présentent une infection congénitale à CMV à la naissance, c’est-à-dire une infection transmise par la mère à travers le placenta pendant la grossesse. Chez la plupart d’entre eux (85-90%), cette infection est asymptomatique à la naissance, mais certains pourront présenter des complications plus tardives.

Comment diagnostiquer une infection congénitale par le CMV ?

Si une femme enceinte a été infectée en début de grossesse ou si son fœtus présente des signes évocateurs d’une infection congénitale à CMV à l’échographie, une recherche du CMV dans le liquide amniotique peut-être réalisée par une amniocentèse après la 17ème semaine d’aménorrhée. L’infection congénitale peut aussi être diagnostiquée à la naissance en recherchant le virus dans les urines du nouveau-né.

Quels sont les signes et symptômes de la maladie congénitale par le CMV ?

L’infection congénitale à CMV peut entraîner un large éventail de signes et symptômes, qui dépend principalement du stade de développement de l’embryon ou du fœtus au moment où la femme enceinte lui transmet l’infection au travers du placenta. Pendant le 1er trimestre de grossesse, il y a un risque de malformations cérébrales et auditives (oreille interne), pouvant entraîner une surdité sévère, un retard de développement, une infirmité motrice-cérébrale, voire le décès du fœtus ou du nouveau-né. Aux 2e et 3e trimestres, le fœtus est formé, et l’infection congénitale par le CMV n’entraîne pas de malformations, mais le fœtus peut présenter des complications similaires à celles des adultes immunodéprimés : hépatite, atteinte digestive, oculaire, ou encéphalite. Une thrombopénie (baisse des plaquettes) peut également survenir, augmentant le risque d’hémorragies.

Quels problèmes sont associés à l’infection “silencieuse” par le CMV pour la mère et pour le bébé ?

Etant donné que les trois quarts des femmes enceintes infectées ne présentent pas de symptômes, sans dépistage sérologique ces femmes ne sont pas au courant de leur risque de transmettre le CMV à leur fœtus alors qu’il est bel et bien présent. De manière similaire, une femme enceinte qui a été infectée par le CMV avant sa grossesse peut réactiver l’infection pendant la grossesse sans s’en rendre compte, et transmettre le CMV à son fœtus, bien que ce risque soit très faible (1-5%) dans le cas d’une réactivation.

Après le diagnostic d’une infection congénitale par le CMV, quel type de suivi est recommandé ?

En Suisse, il est recommandé d’informer toutes les femmes enceintes de la possibilité de réaliser un dépistage sérologique de l’infection à CMV en début de grossesse. Pour les femmes réalisant cette prise de sang, si leur résultat est en faveur d’une infection à CMV en début de grossesse, une amniocentèse leur sera proposée pour rechercher une infection congénitale chez le fœtus. En cas d’amniocentèse positive, un suivi échographique spécialisé leur est proposé pour rechercher des signes spécifiques du CMV notamment au niveau cérébral. Une IRM peut également être proposée au troisième trimestre de grossesse pour recherche ces signes. Nous pouvons également prélever un peu de sang fœtal pour étudier la réponse biologique du fœtus à l’infection et prédire son risque de développer des séquelles graves de l’infection. Un traitement antiviral peut-être proposé dès la sérologie positive pour réduire le risque de transmission du CMV de la mère à son fœtus. Ce traitement peut également être prescrit pour les fœtus présentant des signes inflammatoires afin de les aider à lutter contre l’infection congénitale à CMV. C’est un traitement antiviral à haute dose qui nécessite une surveillance de la tolérance maternelle, en raison d’un risque d’insuffisance rénale aigüe chez la mère.

Lorsque l’infection congénitale à CMV est diagnostiquée à la naissance, par un prélèvement d’urine positif, plusieurs examens sont prescrits au nouveau-né : une échographie et une IRM cérébrale, une prise de sang, un examen oculaire et un examen auditif. Si le nouveau-né présente des signes ou symptômes de l’infection congénitale à CMV, un traitement antiviral peut leur être proposé afin de les aider à lutter contre l’infection et de réduire leur risque de développer des séquelles neurologiques ou auditives de l’infection à CMV.

Je suis enceinte et mon aîné est en crèche/école. Quelles précautions dois-je prendre ?

Pour éviter d’être contaminée par le CMV, appliquez les règles d’hygiène suivantes :

  • Évitez d’embrasser l’enfant sur la bouche ou les larmes ;
  • Évitez de l’embrasser lorsqu’il est enrhumé ;
  • Ne partagez pas ses ustensiles (fourchette, cuillère, bouteille) ;
  • Ne mangez pas dans son assiette et ne sucez pas sa tétine ;
  • Lavez-vous les mains après l’avoir changé ou utilisez du gel hydroalcoolique ;
  • Ne partagez pas le bain ni les serviettes avec lui ;
  • Demandez à votre conjoint d’appliquer les mêmes règles d’hygiène.

 

Pour en apprendre plus sur l’infection à CMV pendant la grossesse, vous pouvez consulter les pages : Le cytomégalovirus chez la femme enceinte – Département femme-mère-enfant – CHUV

Nous avons développé un registre suisse des infections à CMV pendant la grossesse, permettant d’étudier les moyens de prévention, diagnostic et traitement les plus efficaces, ainsi que l’acceptabilité d’un dépistage sérologique pour les femmes enceintes. Plus d’informations ici : CMV-preg – HESAV

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Prof. Léo Pomar

Prof. Léo Pomar

Homme sage-femme échographiste, spécialiste de la neurologie fœtale et des maladies infectieuses, Léo Pomar partage son temps entre le CHUV et HESAV, où il est professeur HES associé.
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