Pour rappel, la consommation d’alcool pendant la grossesse est fermement déconseillée, car elle induit des risques importants pour le fœtus, notamment le risque de syndrome d’alcoolisation fœtal. Le SAF se définit par un ensemble de facteurs: retard de croissance pré/post-natal, anomalies faciales caractéristiques, et dysfonctions du système nerveux central. Selon l’étendue des anomalies faciales, le diagnostic est parfois posé plus tardivement au cours de la petite enfance, ce qui retarde d’autant l’accompagnement neurologique et médical de l’enfant.
Il n’y a pas de “dose minimale” de consommation d’alcool à partir de laquelle le risque commence, alors il semble logique de prévenir le risque en favorisant l’abstinence de la mère, durant la grossesse.
Mais lorsqu’on arrive à la période post-natale, si la mère est allaitante, certains avis diffèrent.
Il n’est pas rare d’entendre notre entourage nous dire que durant l’allaitement, tout comme durant la grossesse, l’alcool est à bannir, ou au contraire, qu’on peut y aller les yeux fermés! Pourtant… il est possible, sans danger pour l’enfant, de nuancer ces propos.
Pour cela, je vous propose de vous pencher sur le parcours que fait votre sang, et l’alcool, dans votre organisme.
Durant la grossesse, votre sang est en partie “filtré” par le placenta, avant d’arriver vers votre bébé. Mais, l’alcool ne fait malheureusement pas partie des substances que le placenta filtre. Le débat s’arrête donc là, car du coup l’alcoolisation du fœtus, est la même que celle de la mère. Et sur un organisme aussi petit et fragile, les conséquences peuvent être dramatiques.
Maintenant, hors grossesse, si vous buvez 2 verres standards d’alcool, alors votre taux d’alcoolémie sanguin sera d’environ 0,5 g/L de sang.
Nous savons que le lait est fabriqué directement à partir du sang et qu’il se filtre continuellement, comme le sang. Donc une maman allaitante ayant 0,5 g d’alcool par litre de sang, aura aussi 0,5 g d’alcool par litre de lait.
Lors d’une tétée, un bébé boit entre 80 ml et 120 ml de lait en moyenne. Pour faciliter les calculs, nous nous baserons sur une tétée de 100 ml. Bébé boirait donc 0,05 g d’alcool, soit 50 mg. Et par la suite, bébé métabolisera cet alcool et le filtrera via son foie à son tour.
Ou encore qu’un célèbre sirop pour la toux pour nouveau-né contient 150 mg d’alcool par cuillère (3 fois la dose d’une tétée après 2 verres de vin!), et qu’il est indiqué d’en donner 3 fois par jour aux bébés?
Bien sûr, le moins c’est le mieux! Il n’est pas question d’inciter ici à boire de l’alcool avant chaque tétée!
Mais maintenant que tu m’as lu, Mamma, si après 9 mois d’abstinence, tu souhaites arroser une occasion avec un petit verre, tu peux!
PS: Il ne sert à rien de tirer juste avant la tétée dans l’idée “d’éliminer le lait alcoolisé”. L’intention est bonne mais inutile, ton lait aura toujours le même taux d’alcool que ton sang.
Alors, team “un petit verre de temps en temps”, ou team “abstinence durant l’allaitement”?
Le meilleur choix sera celui qui te convient à toi!