À la naissance, le nouveau-né entre dans un monde sensoriel riche et complexe. Parmi ses sens, l’odorat est l’un des plus développés (bien avant que la vue). Il lui permet de reconnaître sa mère, de s’orienter, de se calmer et de créer des liens affectifs profonds. Ce sens est actif dès la vie in utero : des études (menés par Benoit Schaal, un expert en olfaction, qui a écrit sur le rôle essentiel des odeurs dans le développement des bébés) ont montré que les fœtus mémorisent les odeurs du liquide amniotique, influencées par l’alimentation maternelle.
Dès les premières heures de vie, les bébés sont capables d’identifier l’odeur du sein maternel, et celle de la peau de leur parent principal. Cette empreinte olfactive joue un rôle fondamental dans l’attachement précoce. Le port de parfum peut malheureusement perturber ce processus naturel.
“Les bébés ont besoin de sentir leurs parents, pas des parfums.”
Dr Jean-Pierre Roy, pédiatre et néonatologue
L’odeur naturelle d’un parent est un repère émotionnel puissant pour le bébé. Elle l’aide à réguler ses émotions, son rythme cardiaque, et même à mieux dormir. Introduire une odeur forte ou synthétique, comme celle d’un parfum ou d’un spray, brouille ce repère et peut générer du stress chez le bébé.
De plus, un parfum ne se limite pas à une touche sur le cou : il s’imprègne dans les vêtements, les cheveux, la peau. Un adulte qui porte du parfum entre dans une pièce et la “marque” olfactivement. Or, le système respiratoire du bébé est encore immature, et très sensible aux particules volatiles présentes dans les parfums.
Même les parfums dits “doux” ou “naturels” peuvent contenir des dizaines de substances chimiques. Parmi les plus préoccupantes :
La réglementation européenne (SCCS – Scientific Committee on Consumer Safety) a identifié 26 allergènes parfumés devant obligatoirement figurer sur les étiquettes, en raison de leur potentiel irritant — surtout chez les jeunes enfants.
« L’air intérieur est jusqu’à cinq fois plus pollué que l’air extérieur. Les bébés y passent pourtant plus de 90 % de leur temps. »
– Agence européenne pour l’environnement
Tableau sur les composants des parfums et les risques
Ce qui peut paraître anodin pour un adulte peut être envahissant pour un bébé. Son odorat est capable de détecter des concentrations infimes de substances. Un parfum discret pour nous devient une surcharge sensorielle pour lui.
De plus, lors des moments intimes — tétées, peau à peau, câlins — le contact avec la peau parfumée peut provoquer des réactions cutanées ou même une ingestion accidentelle de résidus (notamment si le bébé suce une zone parfumée). N’oubliez pas que votre bébé va passer les premières semaines de sa vie collé à vous !
Le rôle olfactif ne concerne pas uniquement la mère. Les pères ou co-parents jouent eux aussi un rôle de repère sensoriel. Une étude menée par l’université d’Uppsala (Suède) a démontré que les nouveau-nés peuvent reconnaître l’odeur de leur père, et que cette odeur favorise leur réduction du stress. Utiliser un parfum ou une eau de toilette altère cette empreinte affective naturelle.
Choisir de ne pas se parfumer n’est donc pas un oubli de soi, mais un geste conscient de soin envers le bébé.
Voici quelques gestes simples pour protéger l’environnement olfactif de votre bébé :
Dans une société où l’odeur est trop souvent considérée comme gênante ou à masquer, le bébé nous invite à revenir à l’essentiel : notre peau, notre chaleur, notre présence. Nous pouvons découvrir la vraie odeur des choses qui nous entourent !
Éviter le parfum en présence de votre enfant, c’est lui offrir un espace olfactif sain, sécurisant, et propice à l’attachement. C’est un acte d’amour invisible mais puissant.